Lysiane nous recommande son coup de coeur des vacances :
Quelques minutes après minuit, Patrick Ness, d'après une idée originale de Siobhan Dowd, traduction de Bruno Krebs, illustrations de Jim Kay, Gallimard, avril 2012, roman illustré, 210 pages, 18.00 €.
Présentation de l'éditeur :
Depuis que sa mère a commencé son traitement, Conor, treize ans, redoute la nuit et ses cauchemars. A minuit sept, un monstre vient le voir, qui a l'apparence d'un if gigantesque, quelque chose de très ancien et de sauvage. Mais pour Conor, le vrai cauchemar recommence chaque jour : sa mère lutte en vain contre un cancer, son père est devenu un étranger et il est harcelé à l'école.
Au fil des visites du monstre, l'adolescent comprend que son vrai démon est la vérité, une vérité qui se cache au plus profond de lui-même, terrifiante.
L'auteur et l'illustrateur ont tous deux reçu un prix pour cet ouvrage.
Patrick Ness (à droite) a remporté le CARNEGIE MEDAL 2012 du meilleur roman jeunesse pour la deuxième année consécutive, chose extrêment rare.
Plus rare encore, lors de la même cérémonie, Jim Kay (à gauche) a remporté le KATE GREENAWAY MEDAL du meilleur album 2012 pour ses magnifiques illustrations.
Jamais un même ouvrage n'avait remporté le doublé dans toute l'histoire du Prix, équivalent du Goncourt au Royaume-Uni.
Patrick Ness et Jim Kay ont dédié leur récompense à la mémoire de Siobhan Dowd, à l'origine de cette histoire.
Patrick Ness reprend une idée originale d'un récit de Siobhan Dowd qu'elle n'a pu achever, emportée par un cancer à l'âge de 47 ans.
Voilà un roman graphique dont on parle beaucoup et de façon plus qu'élogieuse sur Internet.
Sur le blog de Sophie Pilaire, Les riches heures de Fantasia, on peut lire :
Solitaire et maltraité à l'école, Conor souffre et ne cesse de prendre sur lui. Un même cauchemar répétitif le hante, bientôt remplacé par l'apparition, la nuit à minuit et sept minutes, d'un "Homme Vert", monstre issu de l'if du jardin qui veut absolument lui raconter trois histoires, visiblement pas pour l'endormir. La quatrième, celle de la vérité, doit ensuite sortir de la bouche de l'enfant. D'abord effrayé et réticent, Conor finit par entretenir une relation ambiguë avec l'arbre vivant.
[...] En réalité, le monstre est là pour lui permettre d'affronter la vérité de son propre cauchemar.
[...] Petit conte philosophique, chaque histoire vise à dispenser une graine de sagesse dans l'esprit du tout jeune Conor. L'Homme Vert les lui commente heureusement car elles sont à revers des conventions habituelles du merveilleux. Ce n'est qu'à la fin, violemment salutaire, que le héros enfantin comprendra leur véritable portée. Devenir responsable, ne pas se mentir à soi-même, assumer ses émotions aussi indésirables soient-elles : autant de leçons de vie que Conor engrange en quelques heures et en quelques phrases qu'il ose enfin poser.
Sophie Pilaire est bibliothécaire, responsable du réseau jeunesse des bibliothécaires de la ville de Limoges. On peut aussi lire ses critiques sur le site de Ricochet.

Sur le site La cause littéraire, Myriam Bendhif-Syllas écrit :
Voici un bel ouvrage : de sa sublime couverture à rabats au grain du papier, du texte haletant et profond de Patrick Ness aux illustrations crépusculaires de Jim Kay, tout est travaillé avec art et talent, préparé avec minutie et mesure. Et il n'en fallait pas moins pour accompagner cette histoire de deuil initiée par la disparue Siobhan Dowd. "Les histoires chassent et griffent et mordent". "Les histoires sont des créatures sauvages. Quand tu les libères, qui sait ce qu'elles peuvent déclencher ?"
[...]
C'est un conte fantastique recélant d'autres contes, mais aussi une troublante initiation qui nous sont racontés ici, celle d'une mère et de son fils face à une nécessité insoutenable, se laisser séparer, face à un constat redoutable, accepter la mort, c'est accepter la vie.
Myriam Bendhif-Syllas, membre du comité de rédaction de La cause littéraire, est docteur ès Lettres et enseignant-chercheur dans le secondaire.